Je me suis longtemps demandé à partir de quel documents ce chantier de 20 ans impliquant des milliers de personnes sur une étendue géographique de 1000 km avait-il pu travailler?
Mon ancienne expérience industrielle basée sur une documentation papier et tirage de plans m’avait induit en erreur, ce système de documentation a depuis quelques temps complètement disparu remplacé par des dossiers numériques totalement virtuels, ce n’était donc pas historiquement un système stable, il a été remplacé, quelque chose d’autre aurait pu exister avant lui.
Inutile de rappeler que les anciens égyptiens étaient passés maîtres dans l’art de tailler dans la pierre même la plus dure toutes sortes d’objets même aux formes les plus complexes avec une grande précision.
Je propose donc que « le dossier de fabrication » de la pyramide n’aurait jamais été sous forme « papyrus » mais sous forme maquette 3D, comme aujourd’hui en fait, mais pas numérisée et transformés en impulsions électro-magnétiques sur un support microscopique, accessibles seulement avec un type d’ordinateur bien défini, le tout pouvant très facilement et totalement disparaître en un instant très bref.
Non la maquette 3D à la quelle je fais allusion aurait été sous forme d’objets en pierre taillée représentant à échelle réduite les même objets dans la pyramide et servant de modèle pour les tailleurs de pierre qui n’avaient qu’à réaliser à échelle 1 ce qu’ils avaient sous la main.
Par exemple, la chambre haute entièrement réalisée en granite aurait pu avoir deux modèles identiques, un sur le chantier de montage à Gizeh, l’autre sur le lieu de la carrière à Assouan 1000 KM plus au sud.
Celui d’Assouan servant à réaliser les blocs, celui de Gizeh à les contrôler et guider de montage.
Ce modèle est précis, solide, la pluie ne peut le détruire, seulement le nettoyer, le vent ne peut l’emporter, pas besoin de savoir écrire, ni lire, ni même parler la langue, seulement savoir mesurer et reproduire. Chaque pièce approuvée était gravée du sceau du maître d’oeuvre. Ces maquettes étaient probablement en granite ou diorite ou autre pierre très dure que seuls les ateliers spécialement équipés pouvaient travailler.
Ce système protège contre la falsification d’un document et freine la tendance bien connue dans les bureaux d’étude à vouloir changer les plans pour « améliorer » le produit fini, car il fallait passer pour ça par le filtre de l’atelier de modelage garant de l’intégrité de la pyramide placé sous la haute et vigilante autorité du maître d’oeuvre.
De plus il y avait validation technique immédiate, car une erreur de conception avait la conséquence d’être visible et vérifiable par tous les acteurs autorisés examinant le nouveau modèle avant de l’approuver.
Le « bureau d’études » était au grand air, le marteau et le burin faisaient office de crayon, la pierre de papier, la gomme: un coup de marteau et on recommence!
Je pense que seule la partie ouvragée de la pyramide était ainsi représentée, les chambres, les galeries , le parement, moins de 1% du volume de la pyramide, le remplissage 99% du volume ne faisant l’objet que de consignes de principe, dont la hauteur d’assise « du jour » les monteurs sur l’assise travaillant un peu comme ces bâtisseurs de murs en pierres sèches espèce aujourd’hui quasiment disparue dont on peut encore admirer les oeuvres.
La différence était alors que la pierre ne tenait pas dans la main et pouvait peser plusieurs tonnes, l’observation de l’assise 201 de la grande pyramide pourrait décourager les contestataires de cette comparaison.
En plus de l’expérience du calepinage « sur le tas », il fallait une solide organisation de la logistique de manipulation de blocs très lourds pour un flux de 400 blocs par jour. Pas besoin de documents, une routine en tenait lieu
Seuls certains blocs de remplissage aux limites des maçonneries et du parement avaient besoin d’être retaillés, probablement sur l’assise à l’emplacement de la pose au vu du besoin, pas de document le savoir faire du tailleur de pierres en tenait lieu.
Les carriers travaillaient pour sortie du banc de taille un muret dont la l’épaisseur faisait la hauteur d’assise « du jour » et la hauteur l’épaisseur de la couche géologique sur laquelle était pris le banc de taille. La largeur faisait l’objet d’une directive générale « du jour » sans exigence de précision était réalisée au mieux en fonction des failles présentes sur le banc de taille, pour le reste un « géant bélier » cassait le muret en morceaux comme un casse un sucre tout en le « démisant » (terme de carriers pour désigner le détachement d’un bloc de la marne ou de l’argile qui sépare deux couches géologiques)
La maquette assemblait en les montrant touts les dispositifs internes connectés entre eux et la maçonnerie centrale leur servant de support, chacun de ces dispositifs pouvant être retiré de l’ensemble pour être examiné et servir de modèle pour les tailleurs de pierre.
Une demi pyramide coupée exactement sur le plan de son axe NS était placée juste à coté de la maquette des volumes internes, ce qui explique que le plan axial des galeries de la distribution interne ait été décalé de 14 coudées à l’est de l’axe NS de la pyramide, ce plan permettant de prendre les cotes de positionnement EO de tous les objets à poser dans la pyramide.
Seules les chambres haute et basse, la grotte et le complexe mortuaire pouvaient être coupées en deux par ce plan, la partie ouest encastrés dans le plan central, montrant leur intérieur aussi bien coté est que coté ouest.
Ce décalage de 14 coudées suggère que le ratio de réduction devait justement être de 14/1, laissant un espace de 1 coudée pour circuler entre le plan central et la maçonnerie pour prendre les mesures. Cette maquette aurait fait 20 coudées de hauteur et 31 coudées et 12 doigts ou une grande griffe pour les cotés, laissant un volume interne assez conséquent pour contenir, à l’ombre, le bureau de l’architecte de service!
Des pièces importantes comme les poutres fermant le plafond de la chambre haute n’auraient pesé que 10 kg et tout en mesurant de l’ordre d’une coudée pouvaient être facilement manipulées et servir de modèle à la fois pour la réalisation mais aussi pour préparer les manutentions.
Cette demi pyramide devait être placée au sud de la pyramide en construction pour que le soleil servant de point de repère ne soit pas masqué par la pyramide. Ainsi l’orientation très précise vers le sud pouvait être progressivement devenir de plus en plus fine, permettant aussi aux géomètres du projet de s’entraîner à utiliser les arêtes et faces de la pyramide entrant dans l’ombre du soleil à certaine heures du jours certains jours de l’année pour contrôler les alignements.