Objectifs du chantier

khufu vient de monter sur le trône d’Egypte à 40 ans, ce n’est plus un poulet de l’année, il a participé avec ses 3 frères à l’administration du royaume, probablement a-t-il fait partie des expéditions de son père Snefrou au Liban et dans le Sinaï.

Aîné de la fratrie, il était destiné à hériter du royaume, son frère cadet Néfermaât premier vizir y avait des fonctions importantes, peut être y a-t-il eu comme souvent des rivalités pour avoir droit à l’éternité? Peut être a-t-il eu à « jouer des coudes » pour conserver sa primauté? On ne le saura jamais.

D’après les égyptologues il avait 10 ans quand son grand père Houni a été inhumé dans sa pyramide que jeune enfant il a vu se terminer, il a été témoin de A à Z de la construction de la pyramide rouge (ou rhomboïdale?) dans laquelle il vient d’enterrer son père Snefrou.

Il a reçu l’éducation d’un roi et donc initié à tous les secrets du savoir du moment, il sait ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, il connait toute l’équipe des savants et ingénieurs qui a fait la pyramide de son père, il y a de grandes probabilité qu’à son accession au pouvoir, les plans de sa pyramide étaient déjà plus qu’ébauchés, son emplacement repéré, la logistique d’approvisionnement en bois, en cuivre en pierres précieuses était déjà en place pour la pyramide de son père, il n’a plus qu’à « mettre les pieds sous la table », le repas est servi.

Dans sa famille on a une vie saine, on vit longtemps pour l’époque, néanmoins à 40 ans il sait qu’il doit faire vite pour construire sa pyramide, nul n’est à l’abri d’un abcès dentaire ravageur, ou d’un mauvais accident de chasse, la pyramide doit se construire vite.

On nous dit qu’il a choisi Hémiunu, fils de Néfermaât son frère cadet pour architecte, son demi-frère Ankhaf comme responsable du projet, tous deux plus jeunes que lui et probablement pleins d’énergie.

Cependant Hémiunu ne survivra pas à la pyramide, il rend son dernier souffle dans la dix neuvième année du règne de Chéops et la pyramide n’était  pas encore terminée si l’on en croit le déchiffrage par P.Tallet des papyri trouvée sur le site du Waadi el-Jarf ancien port sur la mer rouge de la logistique d’approvisionnement en cuivre et pierres précieuse de « Akhet Khufu » l’horizon de Chéops, nom donné alors à cette pyramide.

D’après P.Tallet, ces documents témoignant d’une activité d’approvisionnement en pierres de Turah du chantier, date des dernières années du règne, c’est donc que la pyramide n’était pas encore terminée.

Ainsi, 20 ans pour la durée de construction de la pyramide est admissible.

Dans mon étude l’objectif du chantier est de terminer la pyramide en 20 ans.

Cependant, les opérations d’extraction et de montage des pierres de construction, ne viennent pas le lendemain de la décision de commencer le chantier, il a fallu passer du temps à choisir le site analyser sa géologie pour valider les carrières, sonder le socle rocheux pour s’assurer de sa stabilité, passer des ébauches de plans, aux plans finaux, parachever et terminer les calculs des monte charges qui innovent par rapport à ceux de papa, faire des maquettes, des prototypes, tester, corriger.

Très vite il a fallu mettre en chantier la construction de la ville des bâtisseurs, sa logistique d’approvisionnement avec son port, la liaison avec le Nil, le canal, les écluses, le bassin portuaire…

Passer du dossier final de conception, au dossier de fabrication, non seulement de la pyramide, mais aussi des outillages, puis réaliser les outillages, les tester pour passer à la fabrication en série.

Puis il a fallu tracer le premier sillon qui délimite la base de la pyramide, tailler la petite colline qui couvre alors ce site, pour à la fois en extraire les premiers blocs, ceux de la base, les plus gros, ce qui pour mon étude est le point de départ des opérations de fabrication et montage des blocs en série proprement dite.

J’évalue la durée de cette phase à 1/3 du délai total de 20 ans.

Il restera donc 5 000 jours pour fabriquer la pyramide elle même.

De façon arbitraire, je prends 12 H de travail par jour, la durée moyenne du jour dans l’année sous le trentième parallèle, et considère que le chantier travaillait 365 jours par an, allouant ainsi 60 000 heures au chantier pour fabriquer cette montagne de pierres.

En faisant ainsi j’ai conscience de tout l’arbitraire de ces choix, néanmoins à +/- 3 ans près sur 20 ans, les ordres de grandeurs sont là et la nature du problème à résoudre ne change pas, seul l’ajustage fin des procédés peut être remis en cause.

Il y a dans mon étude une autre zone d’approximation, les caractéristiques physiques des pierres utilisées, qui malgré tous les travaux qui on été menés sur cette pyramide (et les autres) restent non publiées, ont elles été mesurées seulement?

La densité des pierres et leur résistance à la compression déterminent directement l’énergie à dépenser pour les extraire et les élever et ont une influence directe sur l’effectif au travail donc sur le délai.

J’ai donc été réduit à prendre pour les pierres des caractéristiques connues de certaines carrières extrayant des pierres de même composition, de même nature géologique.

Cependant les spécialistes savent bien que sur un site donné, la roche n’est pas homogène et l’on peut avoir des variations de résistance considérables d’un endroit à l’autre de la carrière et probablement encore plus d’une carrière à l’autre. Rien ne remplacera la mesure directe!

De toutes façons, toute personne ayant eu à diriger de gros projets pluri-annuels engageant des milliers de personnes (c’est mon cas) sait que tout projet a ses aléas, celui de cette pyramide aura eu les siens qu’on ne connaîtra jamais.

Donc 5 000 jours , 60 000 heures pour la durée de la phase d’extraction et montage de blocs.

Pour les calculs en grand nombre, il est d’usage de passer par la notion de bloc moyen, qui est une abstraction, mais qui permet d’appréhender les grand nombres de façon concrète.

Que prendre pour bloc moyen dans cette pyramide?

F.Petrie qui a fait un travail admirable de mesures dans cette pyramide a établi toutes les hauteurs des 201 assises encore présentes qui constituent la pyramide:

Il en résulte que le bloc moyen devrait avoir une épaisseur de 0.7 m, prendre un volume de 1 M3 semble raisonnable, donc pour la suite je donnerai à ce bloc les dimensions suivantes hauteur 0.7 m longueur 1.3 m, largeur 1.1 m, volume 1 M3, poids 2.4 t.

La pyramide est constituée de 4 parties essentielles, le socle, le remplissage, le parement et la maçonnerie des chambres et couloirs, sans oublier les mégalithes des toits.

En terme de volume, cette dernière partie sera assimilée aux pierres de remplissage, cela est une approximation qui simplifie les calculs sans dénaturer la réalité.

Pour le parement qui est la « peau » de la pyramide, je prends une épaisseur de 2 m à la base et 1 m au sommet, ce qui donne une volume de peau de 106 000 M3 à retirer du volume total et a considérer séparément, car objet d’un processus différent, les carrières étant 20 KM plus au sud du plateau de Gizeh au bord du Nil.

Enfin le socle a été évalué par Petrie à 6 m de hauteur par rapport à la base et mesurant 140 m de coté, il se retire des pierres à extraire et à monter.

Il en résulte 2.4 millions de M3 pour les blocs de remplissage, soit 2.4 millions de blocs de remplissage et 100 000 blocs de parement.

C’est évidemment le nombre de bloc de remplissage qui dimensionnent l’essentiel de l’effectif à mettre au travail pour les extraire et les monter.

Le rythme moyen sur 5 000 jours sera donc de 480 blocs par jour de 12 h donc 40 blocs à l’heure, un bloc toutes les 90 s.

Ce rythme journalier moyen de 480 blocs moyens sera l’objectif moyen de production du chantier.

Un aspect important du chantier est son bilan énergétique:

Les fouilles de la ville des travailleurs ont conduit à une évaluation comprise entre  1 600 et 2 000 du nombre de travailleurs « de force ».

Ces travailleurs, les NFRW (entendre néférou), « les jeunes », les « efficaces », sélectionnés comme une équipe de sportifs professionnels d’aujourd’hui, bien nourris, bien motivés. Intrinsèquement sur une longue durée avec répétition journalière, ils pouvaient délivrer sans s’épuiser une puissance moyenne de 80 W soit une énergie de 1 KWH par jour.

Le chantier disposait donc d’une puissance totale « humaine » comprise entre 130 et 160 KW ou d’un réservoir d’énergie journalier de 1 600 à 2 000 KWH.

Élever 480 pierres moyennes de 2.4 t de 40 m consomme une énergie de 125 KWH, ce qui ne « coûte » que 125 NFRW en effectif moyen nécessaire, ce n’était pas la mer à boire!

Mais ces pierres devaient auparavant être extraites de la carrière puis faire un trajet de l’ordre du kilomètre pour atteindre leur emplacement définitif. En admettant pour fixer les idées que 20% de l’effectif faisait autre chose qu’extraire et déplacer les pierres, il ne restait plus qu’entre 1 100 et 1 400 NFRW pour ces deux tâches, soit environ 2.6 KWH par bloc moyen d’énergie disponible pour ces deux processus.

On le verra plus loin, les constructeurs avaient une méthode très performante pour arracher les blocs prêts à l’emploi à la carrière, mais il fallait néanmoins consentir 2.4 KWH par bloc moyen.

Il ne restait plus alors que 0.2 KWH pour transporter les blocs à l’horizontale sur un trajet moyen de 1 KM, ce qui limite à 700 N l’effort pour déplacer une pierre de 2.4 t à l’horizontale soit l’équivalent d’un coefficient de frottement au  maximum de 3 %, ce qui élimine d’entrée tout recours à des traîneaux glissant sur des rampes pour déplacer les pierres, car alors le coefficient de frottement aurait été de l’ordre de 20%.

On peut donc constater dès le départ que le bilan énergétique emplois / ressources du chantier rend celui – ci faisable à condition que les constructeurs disposent d’outils et méthodes qui ont un rendement énergétique très proche de UN.

 

 

 

 

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