Remplissage de l’assise 201

L’assise 201 est la seule que la pyramide dévoile presque entièrement bien que son parement et les blocs adjacents aient disparu, toute théorie expliquant comment cette pyramide a été construite devrait expliquer comment cette assise aurait pu être assemblée.

Son examen attentif permet de constater que son calepinage est soigné, bien que les jonctions entre les blocs soient assez grossières, on peut y deviner 12 bandes orientées Est Ouest bien que leur alignement soit grossier.

Cette disposition laisse à penser que les pierres n’auraient pas pu être mise en place en les trainant sur l’assise, il faut donc admettre qu’elles ont été déposées par dessus.

J’imagine donc un portique posé sur l’assise qui prenne en charge en hauteur les blocs dès leur arrivée, qui les transporte et à la fin les dépose.

En disposant sur l’assise le treuil différentiel pour hisser les blocs le long de la face, l’ensemble pyramide, assise, treuil remplit toutes les fonctions d’une grue de chantier moderne, qui lève les charges puis les transporte.

Par contre le déplacement par roulement du treuil sur la flèche de la grue, sera remplacé ici par la progression pendulaire des blocs sous les portiques.

Cette disposition aura été rendue possible car le treuil différentiel dispense la force nécessaire pour élever le bloc à la bonne hauteur au dessus de l’assise.

Le bloc se déplace suspendu sous une corde sous les portiques d’environ 2.5 m de hauteur, la longueur de la corde d’un peu plus de 1.1 m, accrochée à l’élingue qui agrippe le bloc, fait que sa face inférieure « navigue » légèrement au dessus de l’assise en se balançant. Il se déplace avec mouvement pendulaire qui dure environ 1.5 s de point d’accroche en point d’accroche, donc sans aucun effort et avec des frottements très faibles.

Au départ le bloc est immobile soutenu par la corde amont et la corde centrale, la corde aval est accrochée au bloc légèrement tendue, le mouvement commence quand la corde amont est totalement relâchée

Le bloc est suspendu à la corde centrale pendant son mouvement pendulaire, la corde aval qui tiendra le bloc dans son « swing » suivant est alors maintenue tendue par un premier opérateur  pendant qu’un deuxième opérateur la raccourcit enroulée à 4 tours sur un tambour fixe, au moment du point haut du mouvement alors que le bloc est immobile cette corde aval sera bloquée sur un tambour fixe raidie par l’opérateur.

A ce moment le bloc sera une nouvelle fois immobilisé conjointement par les deux cordes, la corde centrale étant devenue la corde amont, la corde aval devenant la corde centrale, une nouvelle corde aval légèrement tendue est accrochée au blocs pour obtenir le mouvement suivant.

La corde amont que l’on avait laissé filer est retirée de l’élingue.

Cette séquence se poursuit identiquement jusqu’à ce que le bloc soit à proximité de son emplacement final, à ce moment deux opérateurs laissent glisser progressivement sur le tambour chaque corde qui tenait le bloc, lequel s’engage dans une descente lente lors de la quelle les opérateurs dirigent exactement le bloc au dessus de son emplacement, ces cordes sont alors lâchées et le bloc tombe sur son emplacement.

Avec ce dispositif, il était très facile de raccourcir légèrement la longueur du swing en perdant de la hauteur en relâchant légèrement les deux cordes qui le soutiennent afin que le parcours du bloc le positionne exactement au dessus de son emplacement.

Ils auraient pu par exemple avec 1.1 m de corde entre l’anneau point de rotation et l’élingue qui porte le bloc, et un angle de 45° faire un swing de 2 x 1.1 x sinus (45°) = 1.6 m de trajet avec un point haut du point d’attache de la corde à l’élingue à 2 m et un point bas à 1.3 m de l’assise 200.

Un changement de direction de la progression du bloc leur était loisible également au besoin, par exemple pour préparer un « virage » de 90°, au moment du point haut du bloc.

La seule limitation est que dans sa trajectoire d’arrivée comme de départ du bloc passe entre les « jambes » du portique qui aura pu être correctement orienté.

Au point bas de son déplacement le bloc reste au dessus de l’assise en construction ce qui lui permet de se déplacer partout. L’emplacement final du bloc étant décidé, le treuil et le portique auront été préparés à l’avance pour que le positionnement final du bloc soit au droit de cet emplacement, il ne restera  plus alors qu’à laisser descendre le bloc en jouant sur les deux cordes qui le soutiennent.

Le portique aurait pu être fait d’une succession de cadres reliés entre eux par des poutres. Comme la charge est un court instant immobilisée à chaque point haut, il était facile de la diriger dans n’importe quelle direction (dans certaines limites) au mouvement suivant.

Avec cette conception en jouant sur le placement du treuil et des portiques l’ensemble peut prendre la configuration qui permet de diriger le bloc vers n’importe quel emplacement sur l’assise.

Il faut faire un portique spécial pour poser les blocs d’angle et du parement afin que le point de suspension final puisse être proche du bord de la face alors que les pieds du portique seront en léger retrait.

Egalement quand le bloc doit se déplacer le long d’une rangée, le portique repose sur des pieds au niveau de l’assise 200 et d’autres au niveau 201, soit 0.55 m plus haut et donc disposés sous des « jambes » 0.55 m plus courtes.

Ceci conduit à une méthode d’assemblage de l’assise, qui consiste à poser en premier lieu les 4 angles, ce qui détermine avec précision l’orientation, la dimension  et l’horizontalité de l’assise,

puis de poser les blocs centraux de chaque face, ce qui détermine avec précision l’axe central de chaque face, lequel est très légèrement enfoncé pour créer les 8 faces de la pyramide.

On peut légitimement envisager qu’au niveau de la carrière de Turah, il y avait au sol une plateforme parfaitement dressée et horizontale, de la dimension de la base de la pyramide, les blocs du parement une fois extraits et taillés pour chaque assise y étaient assemblés pour vérifier qu’ils étaient conformes et éventuellement être retouchés pour faire plus tard en hauteur sur la pyramide une assise parfaite, les blocs étaient alors repérés pour qu’ils soient assemblés sur la pyramide exactement dans la même position.

Egalement, les écarts mesurés éventuels avec l’horizontale des 4 angles de l’assise précédente auraient pu être communiqués à la carrière afin que la hauteur des nouveaux blocs taillés compense au mieux ces écarts, afin que l’empilage des 210 assises n’ait pas fait dériver la géométrie de la pyramide qui n’est que le fait du parement.

Après avoir placé les angles et les blocs centraux, le parement de la face nord ou sud sera entièrement assemblé avec sa rangée de blocs adjacente,

dans un mouvement d’est vers l’ouest (ou vice versa) jusqu’au centre, puis d’ouest en est jusqu’à compléter la rangée.

Pour rendre faciles et précis ses mouvements, le treuil pourra être déplacé et orienté d’abord sur l’assise 200 face à la position finale des blocs.

L’assise sera terminée en deux demi partie, dans la première phase le treuil sera placé sur l’assise 200 à l’extrémité ouest et les blocs posés d’ouest en est jusqu’à la moitié de l’assise en terminant par les blocs du parement, le treuil étant positionné nord sud face à la rangée qui est posée. Dans la dernière phase, le treuil sera posé sur la partie est de l’assise 201 qui vient d’être posée pour remplir de la même façon la moitié ouest de l’assise 201.

Cette vidéo faite avec une reconstitution de cette assise illustre l’ensemble des mouvements, le positionnement du treuil et des portique n’ayant pas été représenté:

Le « voyage » de chaque bloc sur l’assise aura pris une poignée de secondes sans qu’aucun effort d’importance ait eut été demandé aux opérateurs. Bien que les frottements soient faibles il y a à chaque swing une légère perte de hauteur possible du fait que le point d’accrochage des cordes est à une certaine distance du centre de gravité du bloc, ce qui conduit à une oscillation parasite qui se produit après que le bloc ait été immobilisé. Cette perte peut être restaurée en cas de besoin en laissant un ou plusieurs opérateurs accompagner le bloc au moment de sa descente.

Durant la durée de montée du bloc suivant qui prend quelques minutes à l’aide du treuil différentiel, les opérateurs peuvent en temps masqué réarranger les portiques pour préparer la mise en place du futur bloc.

Il est envisageable qu’un mini treuil différentiel, capable de soulever le plus gros bloc sur 2.5 m de hauteur ait équipé l’assise à coté du treuil de production, afin d’une part de faciliter à l’aide d’un mat de charge le déplacement des portiques, mais aussi de faciliter les déplacements du treuil principal et peut être le cas échéant de replacer éventuellement en hauteur un bloc qui serait tombé à la suite d’une fausse manœuvre.

J’ai tout lieu de penser qu’un projet de reconstruction de la pyramide de nos jours utiliserait la même méthode, mais évidemment avec un treuil électrique et des déplacements « façon pont roulant » sous les portiques.

Ce système de déplacement par balancement sous un portique aurait pu être utilisé en dehors d’une assise, pour acheminer les blocs de remplissage des carrières vers la base de la pyramide et même pour faire franchir aux blocs du parement la chaussée qui la rejoint au temple d’en bas. En effet pour donner au bloc l’amplitude de mouvement nécessaire, des opérateurs auraient pu monter sur le bloc et « faire de la balançoire » pour lui communiquer l’énergie dont il a besoin pour monter. Pour un swing de 2 m, une pente de 8% représente une hauteur de .16 m donc un accroissement d’énergie potentielle de 1.6 KJ ou 0.44 WH par tonne, l’équivalent de 4 à 5 balancements d’un opérateur posé sur le bloc.

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