Mégalithes: entrée dans la pyramide

Toutes les pierres y compris les mégalithes devaient rejoindre le pas de chargement du premier étage de l’ascenseur au centre de la pyramide après avoir traversé la demi longueur de la base sous la pyramide dans une galerie de 115 m de long orientée Est Ouest partant du centre de la face orientale.

La mini grotte du puits de service, nous renseigne sur le niveau d’eau dans le puits du flotteur du premier étage, il est à + 3 m au dessus de la base. Afin de pouvoir charger les pierres à la volée, il faut que le plan de chargement se situe à environ 1.5 m au dessus de ce niveau, soit une hauteur de + 4.5 m au dessus de la base.

La résistance à l’avancement des blocs posés sur leurs roulements est de l’ordre de 1%, elle doit être compensée par une pente de même valeur, ce qui se traduit par une élévation du point de départ de 1.15 m pour que ce soit la force de la pesanteur qui compense cette résistance.

Enfin, il faut lancer les blocs à une certaine vitesse pour qu’ils traversent en toute autonomie, ce tunnel étroit et parfaitement sombre qui traverse la pyramide, en se fixant une vitesse de l’ordre de 4 KM/H, la trajet s’effectue en 2 minutes environ.

Pour accélérer les blocs à cette vitesse il faut ajouter une élévation de 0.1 m au point de départ, sur le trajet il y a un léger virage de 18° pour aligner la piste d’approche avec la galerie d’accès qui va provoquer un ralentissement qui doit être compensé par une surélévation de cinq centimètres  soit une hauteur de 3 + 1.5 + 1.15 + 0.15 = 5.7 m par rapport à la base.

La hauteur de 5.7 est probablement bonne à quelques centimètres près, mais pour ce qui est de la pente, les constructeurs avaient pris une toute autre décision sur la rampe de lancement qui ne fut pas en pente douce, mais en pente raide. En effet, tout le monde peut observer sur Google Street, un point situé près de centre de la face Est qui manifestement est le rebouchage de cette galerie d’entrée:

Entrée-Porte

Force est de constater que cette galerie au départ de son parcours dans la pyramide est au niveau de la base. Donc la rampe de lancement faisait une pente raide qui donnait à l »entrée de la galerie une vitesse de l »ordre de 36 KM/H aux blocs et une traversée en 10 s de cette galerie, avec à l’arrivée une rampe de freinage ascendante qui laissait « mourir » les blocs sur le pas de chargement.

Les mégalithes et les blocs du parement arrivant à la pyramide par la chaussée orientale en provenance de la plaine du Nil, il leur eut été facile de surélever la fin de cette chaussée de cette hauteur de 5.7 m, mais ce ne fut pas la solution choisie par les constructeurs. En effet Il leur fallait aussi élever de la même hauteur toutes les pierres du remplissage en provenance des carrières du plateau, qui elles étaient au moins pour partie sous le niveau de la base.

Les constructeurs ont donc choisi de faire une élévation de 6 m environ de toutes les pierres devant l’entrée orientale de la pyramide, 3 « fosses à barques solaires » pour reprendre leur désignation par les archéologues en témoignent encore sur le parvis oriental de la pyramide, une au sud, une au nord et une à l’est.

Ces fosses ayant été les « puits » d’élévateurs à flotteur deuxième génération pour une portée de 6 m environ.

Les fosses sud et nord parallèles à la face est pour les pierres de remplissage, nous disent que deux localisations de carrières furent utilisée, une au SE de la pyramide de Khéphren et une au NO de la même pyramide.

La fosse orientale ayant été utilisée pour les pierres du parement et les blocs en granite de la chambre haute et du complexe mortuaire.

fosse E-O

La grande fosse « à barque » située à l’est juste avant le temple haut nous indique la méthode utilisée pour élever les blocs.

Fosse vue du ciel
Credit Maraglioglio & Rinaldi

Cette fosse fait plus de 7 m de profondeur pour 43 m de longueur et 6 m de largeur elle est taillé en forme de bateau pour sa moitié Est, en forme de rampe en pente douce pour sa partie ouest.

Fosse-EstBiais-dessus&coupelong
Credit Maraglioglio & Rinaldi

Quand on a déjà compris le fonctionnement des flotteurs élévateurs de deuxième génération, il n’est pas difficile de reconnaître ici la trace de l’un d’entre eux pour une hauteur d’élévation de l’ordre de 5.7 m et une charge maximum de l’ordre de 65 tonnes.

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La saga des mégalithes des toits

L’extraction des carrières, la transport, l’élévation et la pose des mégalithes qui recouvrent les toits de la chambre basse dite « de la reine » et de la chambre haute dite « du roi » ont été le morceau de bravoure de la construction de la pyramide de Chéops.

Dans les chapitres qui suivent je vais décrire par quelles méthodes et avec quels outils, les constructeurs auraient pu réussir cet exploit avec une économie de moyens extraordinaire, rendu possible seulement par une utilisation intelligente des lois de la nature et encore et toujours une grande précision dans l’exécution.

Dans la pyramide de Chéops, les toits de la chambre basse sont recouverts de 18 doubles chevrons de 7 m de long 2.4 m de haut et .8 m d’épaisseur qui pèsent 32 t chacun.

Au dessus de la chambre haute, un incroyable empilage de plus de 50 blocs de 6 à 7 m de long de 1.25 à 2.6 m de hauteur et de 1 à 2 m d’épaisseur, pesant de 30 à 65 t pièce, sur lequel je vais concentrer mon récit..

Chambre haute
Crédit Maraglioglio & Rinaldi

Ces mégalithes ont commencé à être posés pour fermer le volume de la chambre haute à partir de la cote 49 m, jusqu’à la cote 60 m ce qui correspond à la hauteur de 13 assises.

La vitesse moyenne d’élévation de la pyramide à ce niveau aurait pu être de l’ordre de 24 j par assise, soit ici un délai de l’ordre de deux années pour poser le toit.

Un des facteurs clés de succès de cette opération fut l’utilisation d’un processus sans reprise de charge depuis la mise à l’eau du mégalithe dans une barge individuelle à Assouan jusqu’à sa pose finale dans la pyramide.

Le bas du plateau de Gizeh  était atteint par les eaux du Nil lors de la crue annuelle, à l’altitude de 15 m les fouilles de « la ville des travailleurs » ont mis à jour des vestiges d’installations portuaires, et l’on a découvert dans les faubourgs du Caire le vestige d’une digue dont la partie haute était à 15 m d’altitude également.

C’est donc qu’il existait un port dont on ignore la configuration du plan d’eau mais une partie de celui-ci devait atteindre le site du « temple d’en bas  » de la pyramide de Chéops.

Ce plan d’eau était remplit une fois par an par la crue et son niveau était maintenu le reste de l’année par une équipe de pompage pour compenser les pertes par évaporation ( 1.5 m / an) , la consommation d’eau de la « ville des travailleurs » et celle des écluses permettant aux embarcations de ravitaillement de la ville et du chantier amenées par le canal qui faisait la liaison entre le Nil et la ville, de passer du niveau variable du Nil au niveau de 15 m du plan d’eau du port.

Il est certain que le niveau de 15 m n’est pas le niveau de la plus haute crue du Nil, c’est pourquoi on trouve les bases des « temples d’en bas » au niveau 20 m.

Du point de vue du chantier de la pyramide le plan d’eau pouvait servir de stockage intermédiaire d’un certain volume de pierres flottant dans leurs barges en provenance d’Assouan ou de Turah, permettant de désynchroniser le rythme d’extraction et transport des blocs de celui de leur pose dans la pyramide.

Pour être extraites du plan d’eau, les pierres passaient dans un bassin de débarquement d’une surface suffisante pour recevoir le plus gros mégalithe dans sa barge et d’une profondeur de l’ordre de 5 à 6 m. Cette profondeur était nécessaire pour pouvoir redresser les mégalithes du toit.

Les mégalithes flottaient couchés afin que le tirant d’eau de la barge soit minimal, mais  voyageaient debout sur le chantier pour être posés en basculant sur leur emplacement définitif.

Débarqués sur leurs roulements au pied du plateau au niveau 10 m, ils avaient encore 750 m à progresser tout en s’élevant de 50 m sur la chaussée d’accès à la pyramide, puis à progresser sur la piste d’accès au monte charge qui traverse la pyramide, puis une fois sur l’assise à faire un trajet avec 3 changements de direction  avant d’être posés.

Manutentionner ces monstres en continu sans les outils de levage que l’on connait de nos jours, les faire circuler dans d’étroites galeries, les élever de 60 m dans une cage de monte charge fut un des grands défis de la pyramide de Chéops. Défis qui n’a pu être relevé que par une connaissance partie théorique, partie empirique des lois du mouvement des corps et une très grande précision d’exécution tout au long de la progression des mégalithes rendue possible par une équipement spécial prévu à l’avance.

Les chapitres consacrés au trajet maritime, au débarquement, à l’ascension de la chaussée, à l’élévation dans le monte charge, et la pose à leur emplacement décrivent avec détail comment cela aurait pu se passer.

Pour mieux comprendre le trajet des mégalithes sur le chantier, on peut examiner ci-dessous le schéma de principe de la « configuration basse » du chantier:

Plan d'ensemble

Les barges portant les blocs arrivent du Nil dans un canal de liaison avec le chantier de la pyramide.

Les barges passent du niveau constamment variable du Nil au niveau fixe du plan d’eau du port à travers un ensemble d’écluses et sont stockées en attente sur une partie de ce plan d’eau.

ArrivéeEcluses

Un bassin de débarquement communiquant avec le plan d’eau par une porte étanche et avec la chaussée d’accès à la pyramide par une autre porte étanche, reçoit les  mégalithes  un à un pour les redresser et les poser sur leurs patins de roulement, ce qui est l’affaire d’une journée de travail.

Bassin Débarquement

Ils sont pris en charge par l’équipe qui va leur faire parcourir les 750 m de la chaussée en les élevant de 50 m, qui prendra encore une journée de travail.

A l’issue de ce parcours, une « fosse à barque »

fosse E-O

qui est encore visible sur le parvis de la pyramide, va élever le bloc de 6 m pour le poser sur la piste de lancement qui va lui donner une vitesse initiale pour parcourir le trajet qui va le conduire au seuil de chargement de l’ascenseur, ce qui prendra encore une journée de travail.

Une fois sur le monte charge à flotteur oscillant du premier étage, il va être élevé jusqu’au niveau 60 m avec une procédure spéciale qui prendra encore une journée de travail.

Arrivé à son altitude de pose, il va parcourir d’une traite un circuit d’environ 80 m de long comportant 3 virages qui va conduire en quelques minutes seulement le mégalithe à son emplacement définitif.

De l’extraction du plan d’eau de stockage à sa pose définitive, le mégalithe aura suivit un cycle de manipulations d’une durée de 4 jours qui aura mobilisé une équipe de même pas une centaine de personnes.

Pose des mégalithes sur l’assise

Aussi incroyable que ça paraisse, les mégalithes du toit de la chambre haute se sont posés tout seuls ou presque à leur emplacement définitif après leur arrivée sur l’assise hissés par l’ascenseur de la grotte. Une bonne préparation du cheminement et l’utilisation de la gravité ont comme toujours dans ce chantier rendu banal un acte apparemment quasi surhumain. Plus surprenant encore en analysant finement cette procédure on découvre où se situe le vrai complexe mortuaire du roi!

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D’Assouan ou Turah à Gizeh

Tout le monde admet que le seul moyen de transporter des mégalithes de 30 à 65 t vers Gizeh était le transport fluvial.

S’inspirant souvent de fresques relevées dans certaines tombes, beaucoup d’auteurs se sont risqués à proposer de placer ces mégalithes sur le pont d’une felouque de l’époque, ce qui est complètement délirant en terme de moyens de levage et de stabilité du bateau sous une telle charge.

Les fresques des tombes et des temples sont comme les fresques et vitraux des églises catholiques, des représentations symboliques en langage visuel codé, mais pas une image fidèle de la réalité.

Pour faire flotter dans le Nil ces monstres, il n’ a qu’une solution qui soit audacieuse, simple, efficace, fiable et peu coûteuse, c’est de transporter dans une mini barge individuelle le bloc noyé qui perd ainsi immédiatement un point de densité, le mégalithe de 65 t, dans l’eau n’en pèse plus que 40.

Mégalithe dansleau

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Trajet du temple d’en bas au temple d’en haut

Une chaussée avait été aménagée pour acheminer toutes les pierres venant du Nil vers la base de la pyramide altitude 60 m, elle est aujourd’hui entièrement dévastée, mais il en reste des traces qui laissent penser qu’elle mesurait 18 m de large, était en deux partie, une rampe à 4% sur 130 m en haut du plateau face à la pyramide élévation de 55 à 60 m et une rampe à 7.5% de 530 m du temple d’en bas à l’extrémité haute du plateau pour une élévation de 15 m à 55 m. Son revêtement était en calcaire fin de Turah.

Ces données sont tirées de la publication BIFAO 67 (1967), p. 49-69 de G.Goyon.

A l’altitude 15 m, le temple bas est au niveau de la crue du Nil attesté par des ouvrages portuaires retrouvés par des fouilles sur le site, c’est donc à ce niveau que l’écluse finale amenait les pierres.

Cependant pour débarquer les pierres, il fallait un bassin final d’une profondeur de 5 m environ afin que l’on puisse redresser avant débarquement les mégalithes des toits qui pour diminuer le tirant d’eau dans le cours incertain du Nil voyageaient couchés.

Avec une pente moyenne de 7.5% cela conduit à mettre ce bassin 70 m plus à l’est de l’emplacement supposé du temple bas, soit au final une rampe de 600 m à 7.5% , passant de 10 à 55 m d’altitude, pour arriver en partie haute du plateau suivie d’une rampe de 130 m à 4 % pour arriver au niveau du temple d’en haut pour une élévation totale de 50 m depuis le point de débarquement des pierres..

Un chemin de roulement était posé sur cette chaussée, toutes les pierres du parement et celles venant d’Assouan sont passées par là sur des rouleaux à plots, propulsées par des pousseurs à pendule d’une grande simplicité et d’une incroyable efficacité. Lire la suite

Débarquement des mégalithes

Pour fermer la chambre haute, les constructeurs n’ont pas entassé moins de 64 mégalithes en granite, dont les longueurs s’échelonnent de 6.3 à 7.03 m et les largeurs de 1.01 à 1.74 m et les poids de 30 à 65 t.

Tous ces blocs feront le parcours fluvial de la carrière d’Assouan au pied de la pyramide en position couché  sur la tranche pour donner un tirant d’eau de 3 m maximum à la mini barge individuelle qui les transporte.

Il y aura donc à les redresser car les mégalithes ne passent dans le monte charge qu’en position redressée.

Redresser un monstre de 7 m de haut pesant 65 t gisant à terre est un défi, par contre le redresser alors qu’il flotte noyé dans l’eau est un jeu d’enfant car son poids relatifs dans sa barge est alors zéro.

On pouvait faire toutes ces rotations dans le sas de débarquement.

La mini barge qui transporte le bloc est construite sur la base d’un chassis équipé de  flotteurs arrimés par des cordes, pour que le bloc voyage entièrement immergé couché. L’ensemble est conçu pour que son centre de poussée soit très légèrement au dessus de centre de gravité de l’ensemble en position couchée, ainsi l’embarcation flotte dans un état stable mégalithe couché.

Mégalithe dansleau

La barge passe dans le bassin de débarquement de 5 à 6 m de profondeur, qui en une premiere phase est vidé. Le mégalithe repose alors au sol sur sa barge en position couchée.

Mégalithe dans l'air

La barge est démontée et reconstruite pour changer son équilibre immergé de la position couchée à la position redressée. Le centre de poussée des flotteurs est légèrement au dessus du centre de gravité du mégalithe en position redressé.

MégalitheNouvelEquilibre

Le bassin de débarquement est rempli à nouveau, le mégalithe bascule en position redressée.

Mégalithe Redressé

Une fois le bloc en position redressée, alors qu’il flotte encore il est positionné exactement au dessus des patins de roulement qui avaient été préalablement placés au fond du bassin.

On procède à la vidange du bassin, le mégalithe vient alors doucement se poser sur son roulement quand le niveau d’eau du bassin baisse.

Une fois le mégalithe reposant sur ses roulement on démonte les flotteurs, le mégalithe est prêt pour l’étape suivante.

Mégalithe

Dès que le bassin est au sec, on pose sur le mégalithe un châssis portant les pendules qui vont servir à le propulser sur la chaussée montant jusqu’à la pyramide, après avoir ouvert la porte qui fermait le bassin de débarquement.

Le mégalithe sur son cheminement peut maintenant commencer son trajet vers la base de la pyramide.