Niche de la chambre basse

Compte tenu de ce qui suit, il ne m’est plus possible de continuer à nommer ce volume « chambre de la reine ».

Chambre-Reine

La niche a été crée en construisant la chambre, pour connecter celle-ci au couloir qui la prolonge vers l’Est. Ce couloir a été comblé par les constructeurs et partiellement dégagé par des pilleurs. G.Dormion dans son livre « la chambre de Chéops » a décrit cette galerie avec une grande précision, il en résulte que seule la partie haute du couloir qui fait une section de 0.87 m x 1.05 m a été dégagés sur 5 m de profondeur dans la maçonnerie en extrayant les pierres, puis prolongé sur 10 m en creusant dans le libage. La partie basse reste encore obstruée par des blocs qui seraient extractibles si l’on s’en donnait la peine, on serait alors dans une maçonnerie de 5 m de profondeur en présence d’une galerie de 1.54 m de large et 0.87 m de haut à la base, prolongée en hauteur par la partie aujourd’hui dégagée, qui ne fait que 1.05 m de large, la hauteur du couloir était donc à l’époque de 1.7 m.

La voûte de la niche en encorbellement, vient de sa largeur à la base 1.57 m qui dépasse la « norme » de deux coudées maximum (1.05 m) pour un linteau. Cet encorbellement se poursuit sur deux niveaux dans le couloir qui prolonge la niche, encorbellement coiffé dans le couloir par d’énormes linteaux sur 5 m de longueur, car alors la largeur du couloir ne fait que 1.05 m. Il est curieux que dans le mur de la chambre basse cette niche soit en encorbellement car au plan fonctionnel elle est déchargée par la voûte en doubles chevrons qui protège le volume de la chambre. Donc cette forme a été décidée pour une raison qui reste à élucider…

Contrairement à tous les autres corridors de cette pyramide, le boyau fait 1.7 m de hauteur, c’est donc que contrairement à tous les autres à l’exception de la grande galerie qui font de 1 à 1.2 m, il a eu une fonction de circulation pour des humains.

Ce couloir a été utilisé tel que ( pour quelle fonction?) jusqu’à ce qu’il ait été bouché par les constructeurs eux-même très probablement une fois le roi inhumé.

Dans mon hypothèse, pendant toute la phase de construction sa fonction était purement hydraulique, il alimentait en eau le puits du deuxième étage situé dans la maçonnerie attenante au nord du boyau et à l’est de la chambre.

Une fois la construction terminée, il a été modifié pour faire communiquer la chambre basse avec la cage de l’élévateur de l’étage de la grotte située toute proche à l’est dans la même maçonnerie, une pierre de 1.05 m de largeur au milieu et au nord du couloir témoigne de se passage bouché.

Pourquoi?

Pour acheminer le roi dans sa dernière demeure il fallait  faire une étape intermédiaire dans la cage verticale y conduisant, car le complexe mortuaire du roi, à 55 m de la base, ne pouvait être atteint dans la cage du premier étage en une seule course du flotteur, celle-ci étant limitée à 33 m à charge zéro.

A ce moment, la construction de la pyramide étant terminée, le puissant flotteur de l’étage de la grotte qui a élevé 2.6 millions de blocs été devenu inutile.

Il fut retiré du puits et remplacé par un flotteur submersible de deuxième génération beaucoup plus léger, car la mission du flotteur a changé et les masses à élever devenaient bien plus faibles.

  • En un premier temps le nouveau flotteur devra porter la dépouille mortelle du roi, son mobilier funéraire et la suite des accompagnants dans le complexe mortuaire en faisant étape dans la chambre basse.
  • Cette mission nécessite un fonctionnement statique du flotteur.

Pour aller du niveau de la chambre basse au niveau du complexe mortuaire, il restait donc une course pour le flotteur de 55 – 21 (niveau de la chambre basse) = 34 m  ce qui ne colle pas avec la profondeur du puits dans lequel coule le flotteur qui faisait initialement 33 m.

Cependant, pyramide terminée, il n’y avait plus de trafic de blocs passant dans la galerie d’accès qui faisait 8 m de haut pour le passage des mégalithes, une telle hauteur devenait maintenant inutile et cette galerie avait de toutes façons vocation à être comblée.

Les constructeurs l’ont comblée partiellement par le bas au niveau du pas de chargement pour ne laisser qu’une hauteur sous plafond de l’ordre de 2 m, soit un gain de 6 m pour le point haut du puits.

Donc le débouché du puits qui était à 5 m a pu être relevé à 11 m, la longueur du puits  passant alors à 39 m pour une course de 34 m, laissait pour le flotteur un tirant d’eau minimal 39 – 34 =  5 m ce qui autorise un flotteur pouvant peser jusqu’à 20 t en charge car sa section pouvait être de 4 M².

Que constate-t-on aujourd’hui?

Centré sur la niche à 86 cm du sol, on trouve un boyau de 1.05 m de large, 85 cm de haut, qui visiblement a été dégagé on ne sait par qui (les ouvriers d’Al Ma’mûn?), par l’enlèvement sur 5.5 m de longueur de pierres bien taillées qui y avaient été assemblées par les constructeurs pour finir de combler les vides intérieurs de la pyramide et celui là est particulièrement compromettant!

Se pose la question où étaient en attente les blocs qui ont rebouché de cette galerie une fois le roi inhumé?

Le volume à reboucher étant de 1.54 x 0.86 x 5 m en partie basse et 1.05 x 0.85 x 5 m en partie haute.

Les pierres pour cet usage ne pouvaient qu’être dans les volumes de la chambre basse et du couloir horizontal attenant car il était impossible de les faire entrer dans la pyramide roi inhumé.

Or il se trouve dans ce couloir horizontal à l’entrée de la chambre une dépression de 1.05 x 0.53 x 5.5 m qui aurait pu loger en attente les pierres (maintenant disparues) qui obturaient la partie haute du couloir en faisant un dépassement de 0.32 m qui aurait été une gène fonctionnelle pour le fonctionnement hydraulique, pour la partie basse du couloir il ne restait comme option que la chambre basse elle même.

Pour ne pas que le niveau de ces pierres dans la chambre ne dépasse celui du niveau de la galerie horizontale il aura fallu bouleverser le dallage de la chambre pour les enfoncer d’environ 35 cm, pour ensuite le refaire dans l’état actuel une fois les blocs extraits et placés dans le corridor de la niche.

G.Dormion dans son ouvrage « la chambre de Cheops » des pages 247 à 258 fait une analyse très détaillée de ce dallage qui montre qu’il a été remanié.

Photo1

Sur le schéma, la pierre grise en partie basse est ce qu’il reste de la maçonnerie de rebouchage non dégagée, vue en perspective vers le milieu du boyau à gauche on voit un autre bloc de 1 m de large qui donne sur la cage du premier étage.

Ce vestige NE LAISSE AUCUN DOUTE POSSIBLE, c’est bien un corridor de 5 m de long, 1 m de large, 1.7 m de haut protégé par un linteau, propre à faire circuler des hommes, des pierres et du matériel.

Il conduit OBLIGATOIREMENT vers un volume situé au nord derrière les blocs qui n’ont pas été retirés.

Ce volume ne peut être que la cage du monte charge de l’étage de la grotte (pendant la construction ce boyau amenait l’eau de la chambre basse au puits du deuxième étage séparé de la cage du premier étage par une paroi).

On doit cette description très précise de l’environnement de la niche à Gilles Dormion dans son ouvrage « la chambre de Chéops ».

Ce schéma donne une vue plongeante coté Est de la chambre basse, linteau retiré, le volume moutarde du premier plan est sensé représenter une partie des pierres de remplissage.

On voit dans le prolongement de la niche la maçonnerie décrite par Dormion et en gris clair les pierres qui ne demandent qu’à être retirées pour donner accès à la cage du monte charge du premier étage.

Vue du nord, ce corridor tel qu’il était au moment de son utilité,  il aurait pu tourner court au niveau de l’accès nord, mais il se prolonge en laissant un volume apparemment inutile, mais on verra plus loin que ce volume aurait pu servi à stocker du lest sous la forme de lingots de cuivre.

Linteaux enlevés, la vue du dispositif complet, le volume intérieur de la cage est représenté en bleu, sa maçonnerie en bistre.

Pour moi, il est tout à fait inattendu que G.Dormion qui par ailleurs a fait des analyses for pertinentes de l’architecture de certaines pyramides, n’ait pas cherché à approfondir la fonction d’une maçonnerie se trouvant derrière une autre maçonnerie, celle de la chambre basse, elle ne peut pas être là pour rien!

Vue du dispositif complet, la galerie d’accès Est, donne sur la salle de chargement du monte charge en bleu, dont la cage monte jusqu’au niveau 60 car elle y a acheminé les mégalithes du toit de la chambre haute et elle donne accès au complexe funéraire du roi.

Kheops1&2

En rose au premier plan le puits du premier étage, en rose au deuxième plan, le circuit d’eau du deuxième étage, prolongé en bleu clair par sa cage d’ascenseur, le petit volume en vert est le corridor de passage entre la cage du premier étage et la cage du deuxième étage, le volume bleu-violet à droite est la galerie d’accès des pierres, terminée par la chambre de chargement avec son toit à double pente.


…La pyramide étant maintenant terminée…

Le lourd et puissant flotteur oscillateur du premier étage, a été démonté et retiré pour être remplacé par un flotteur submersible deuxième génération.

Le puits vertical dans lequel il coulisse a été préalablement obturé en partie basse pour n’avoir à remplir ni le volume de la grotte ni le volume de la galerie descendante et du puits de service.

 78 M³ d’eau tiennent dans le puits dont le point haut arrive à la cote 11 m.

La mission qui attend ce flotteur est la suivante, élever le sarcophage du roi, son bagage funéraire et son cortège vers la chambre d’éternité.

Cette mission se prépare:

Le roi et son cortège et surtout les bagages pesaient un certain poids qui a été fixé par avance.

Pour faire fonctionner le flotteur il faut que le poids que le flotteur monte soit légèrement inférieur au poids qui le fait couler.

Pour faire monter tout ce qui devait se trouver finalement dans le complexe mortuaire, il fallait y stocker AVANT l’inhumation pendant que les ascenseurs oscillants  fonctionnaient, le même poids sous forme de lingots de cuivre qui attendaient le jour J.

Mais où les stocker?

A la fois au niveau de la chambre basse devenue première antichambre et au niveau de l’antichambre haute, car il y avait un transport en deux étapes.

Chambre basse: dans la partie cul de sac du corridor qui fait une volume de 2.5 M³ = 1.75 x 1 x 1.5 m  pouvait contenir 22 t de lingots, le poids maximum du cortège funéraire du roi et de ses bagages pour l’éternité.

On peut penser que le même dispositif se retrouvera dans l’antichambre haute au niveau 55 m.

Pour fixer les idées, le flotteur pouvait élever 20 t de charge au maximum, mais ce qui se trouvait sur le plateau pouvait ne peser que 2 t par exemple: Il fallait depuis le pas de chargement, lester le flotteur à 18 t -100 kg et mettre sur le plateau 2 t de charge utile.

Le flotteur s’élève jusqu’au niveau de la chambre basse, la charge utile est évacuées et remplacée par 2 t + 100 KG de lest pris dans le corridor, qui font couler le flotteur.

Et ainsi de suite, jusqu’à ce que tout le lest ait été utilisé et que le cortège funéraire dans son intégralité ait atteint la chambre basse dans laquelle il attend son deuxième déplacement.

Ceci fait, pour atteindre depuis la chambre basse, l’antichambre haute au niveau du complexe funéraire, il fallait prolonger le flotteur d’une réhausse de 21 m qui avait été stockée préalablement en partie haute de la cage, le niveau de chargement étant maintenant celui de la chambre basse, la même procédure permettait alors de faire passer tout le cortège dans l’antichambre haute, le lest stocké dans l’antichambre haute, passant dans la partie réservée du couloir de la chambre basse.

Une fois l’inhumation terminée, l’opération inverse a pu faire passer les accompagnants du roi, d’abord de l’antichambre haute à la chambre basse, puis de là au niveau de la base. Dans cette opération c’est le cortège lui-même, moins le roi et son mobilier qui aurait servi de lest pour faire couler le flotteur.

On peut constater ainsi qu’à une époque le corridor de la niche de la chambre basse a connu un trafic intense, il a vu passer beaucoup de cuivre et du beau monde.

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