Percée Al Ma’mûn

L’histoire nous rapporte qu’au IX siècle de notre ère le sultan Al Ma’mûn s’est attaqué à la pyramide de Chéops pour en prendre des pierres afin de reconstruire la citadelle du Caire mise à terre par un violent séisme. La pyramide aurait elle aussi été endommagée par ce séisme ou été elle encore intacte? l’histoire n’en dit rien.

Nous ne sommes pas tout a fait sûrs que cette histoire ne soit pas une légende, mais la percée a bien été faite à une époque ou à une autre avec des moyens conséquents.

Restons avec le Sultan:

On peut imaginer que les hommes mobilisés par le sultan pour cette tâche étaient eux même des bâtisseurs compétents, disposant de moyens d’état et de temps, leur premier acte a forcément été de regarder attentivement l’objet qu’ils venaient démonter pour chercher le point faible par où commencer le travail de sape pour en extraire les blocs. Ces hommes n’en étaient certainement pas à leur première pyramide visitée et connaissaient certainement le principe général, une descenderie en face nord donnant sur une chambre, ils ont dû prendre le chantier de démolition par cette face.

Le démolisseurs ont certainement « attaqué » la pyramide par le bas, pour en déchausser le parement qui en était la cuirasse car plus haut il aurait fallu des échafaudages coûteux et voire dangereux à partir des quels ils n’était pas évident de déployer des forces importantes pour déchausser les blocs de parement solidement arrimés entre eux.

Ils ont probablement rapidement repéré cette pierre de parement possiblement plus petite que les autres et qui présentait un joint légèrement plus épais que les autres sur toute sa périphérie et donc l’ont enlevée pour observer ce qu’elle pouvait bien cacher.

Comment donner crédit à la « légende » qui peut faire croire que sur un périmètre de 200 m les démolisseurs de Al Ma’mûn auraient trouvé, à l’aveugle, par hasard? à 1 m près le bon endroit pour tomber sur la galerie ascendante!

En fin de compte, peu importe à quel moment ils auraient retiré ce bloc du parement, par contre en connaisseurs, une fois le parement enlevé, ils ont dû vite se rendre compte que derrière cette pierre il y avait un orifice qui avait été bouché, sa maçonnerie était forcément différente de la construction massive des assises au niveau de la cinquième.

Ils ont donc dégagé l’orifice et appelé « le patron »: ON A TROUVÉ L’ENTRÉE!

Probablement percé (comme dans la partie haute du puits de service) dans les blocs de remplissage qui en ce lieu sont très gros, le conduit étanche à l’eau aurait pu avoir avoir la même section que le puits de service 0.7 x 0.7 m. Il devait se terminer à l’époque de la construction par une vanne possiblement  à guillotine suivant le même principe  que celle résidant encore dans la chambre des herses.

Cette vanne a probablement été retirée au moment de refermer ce conduit en fin de construction de la pyramide, laissant une section d’accès plus grande que le conduit lui même.

Il était donc aisé une fois l’entrée dégagée de s’introduire dans ce conduit et d’aller aussi loin que possible à l’intérieur, et là ils se sont heurté à un bloc de granite, le troisième du bouchon, qui leur barrait le passage.

Là pour aller plus loin il fallait « casser » ce bouchon ou le contourner, mais impossible de savoir en l’état si l’on avait à faire à un bloc unique ou à un mur?

La décision fut prise de le casser, on notera comme pour la chambre des herses que les auteurs n’avait pas l’outillage pour « tailler » le granite, seulement pour « casser ».

Pour casser il fallait déployer de la force, ce qui est impossible dans un boyau aussi étroit, il a donc fallu creuser cette fameuse sape en agrandissant le conduit existant, jusqu’au bouchon de granite pour obtenir du volume suffisant permettant de le casser et avoir accès par là à ce qu’il y avait derrière, et là première constatation, ils tombent sur une galerie ascendante étroite et vide (et non descendante comme habituellement), plus haut, la galerie horizontale étroite et vide conduisant à la chambre basse nue et vide, mais avec une niche! que cache-elle?

Le puits de service est visité il donne sur la grotte souterraine, « inachevée » nue et vide, nouvelle déception. Ils trouvent là  le déboucher de la galerie descendante « classique » et la remontent sur 100 m tombent sur un bouchon qui révèle l’entrée « officielle ».

La grande galerie est remontée donnant sur  une courte galerie horizontale fermée par au moins une herse, ils se sont rapidement aperçu que l’on pouvait accéder au dessus des herses, ils en trouvent 3, pour entrer ici il va falloir encore casser du granite. Le conduit en partie supérieure de la grande galerie est visité lui aussi, il donne sur un boyau arrivant dans la chambre Davison, petite, vide et nue elle aussi. Déception générale, mais espoir quand même de trouver le trésor derrière la niche? ou derrière les herses?

Finalement les démolisseurs d’Al Ma’mûn avaient le trajet de la percée tout tracé par les constructeurs de la pyramide eux même, avec ce conduit de vidage

Le fait qu’ils aient fait une sape aussi « spacieuse » est justifié par le besoin de pouvoir déployer de la force pour casser le troisième bloc bouchon en granite, par la suite « ils » se sont contenté de passer par les conduits d’environ  1 x 1 m de la pyramide (à part la grande galerie).

Ce conduit, fil d’Ariane des démolisseurs, n’était initialement qu’une évacuation d’eau et rien d’autre,  les hommes d’Al Ma’mûn bien évidemment n’y ont rien compris et ont cru, à tort, avoir trouvé la bonne aubaine conduisant aux « trésors » de la pyramide!

Pourquoi ce conduit d’évacuation dans la pyramide ?

Il faut ici revenir au fonctionnement des ascenseurs et en particulier dans la procédure d‘ascension des mégalithes de la chambre haute.

Pour commencer la procédure d’ascension des mégalithes depuis l’ascenseur du premier étage, il fallait désactiver provisoirement le fonctionnement du deuxième étage et rétablir la communication entre la galerie descendante et la galerie ascendante, obturée par le bouchon de 3 blocs de granite.

Il fallait donc commencer par remplir jusqu’en haut la galerie descendante et faire « une chasse » de l’eau contenue dans la galerie ascendante et la chambre basse, pour créer une brutale dépression derrière les « blocs soupape » qui poussés par la colonne d’eau de la galerie descendante se sont soulevés de 10 cm exactement et sont resté en place car la pente à 26° est insuffisante pour les laisser redescendre.

A l’époque de cette manœuvre, la grande galerie n’était pas encore totalement fermée, et le volume d’air de la chambre basse communiquant avec celui de la grande galerie, il n’y avait donc pas d’effet de vide ralentissant la chasse d’eau.

Pour obtenir cette « chasse » il y avait donc OBLIGATION d’aménager au niveau du troisième bloc du bouchon, un conduit de vidage communiquant avec l’extérieur de la pyramide à un niveau légèrement plus bas pour l’écoulement complet de l’eau.

Ce conduit avait été vraisemblablement creusé dans les blocs du libage qui en ce lieu sont sont d’énormes poutres, au moment où l’assise de la pyramide atteignait ce niveau. Il se devait d’être étanche à l’eau comme la partie supérieure du puits de service.

Sa section aurait pu être la même que celle du puits de service creusé lui aussi, 0.7 x 0.7 m. Mais il était préférable que ce conduit ne puisse servir plus tard, d’accès à l’intérieur de la pyramide, il a été conçu pour laisser un débouché dans la galerie ascendante juste nécessaire pour le passage de l’eau ce qui aura obligé les démolisseurs d’Al Ma’mûn a agrandir le passage en »cassant du granite ».

Ce conduit, démarrait dans la galerie ascendante au niveau du plus haut des trois blocs cote 7.5 m environ et sortir de la pyramide au niveau de la sixième assise à 6.1 m de la base.

On avait donc en miniature une « sortie basse » de la pyramide, aménagée pour recevoir une vanne permettant de vider ou de laisser se remplir le volume de la galerie ascendante.

La percée dite « Al Ma’mûn » existait depuis le début de la construction de la pyramide, c’était alors un étroit boyau terminé par une vanne.

Cette vanne certainement à guillotine comme celle de la chambre des herses, devait résister à la pression d’une colonne d’eau de 18 m de hauteur ce qui avec une section de 0.5 M² conduit à une force d’éjection de l’ordre de 100 KN. Pour tenir cet effort qui n’est pas très grand au vu des proportions générales de la pyramide, mais quand même conséquent, et en plus appliqué pendant des années, il fallait inclure les glissières de cette vanne dans un linteau assez lourd et assez long, pour qu’il puisse à son tour être chargé par les blocs de l’assise supérieure, et bloqué par celui qui le supporte sur l’assise inférieure, nous sommes ici au bord de la pyramide, la pression des pierres n’est pas ce qu’elle est au centre du monument.

Ce conduit a été conservé pendant toute la construction de la pyramide, car il permettait de vidanger facilement l’eau des circuits supérieurs qui se passaient l’eau en cascade jusqu’à l’étage de la chambre basse.

A la fin de la construction quand les étages supérieurs étaient vides d’eau venait le moment de refermer ce passage avec un bloc de parement.

Pour ce faire, il fallait pouvoir introduire dans son logement prévu à l’avance le bloc qui même plus petit que les autres devait peser pas moins de 3 t. Il est à 6 m de la base de la pyramide, il a donc fallu au moment de la construction, l’ajuster par rapport à ses voisins, puis le laisser en attente des années sur un podium à coté, posé sur un échafaudage à cette hauteur. Le podium servant aussi de plateforme pour manœuvrer la vanne du conduit.

Le moment venu, pour reboucher le trou, il a fallu faire riper le bloc sur le podium pour l’introduire dans son logement, pour ce faire il fallait laisser du jeu entre le bloc et sa mortaise, jeu qui fut comblé par du mortier, mais en laissant forcément un joint plus épais que celui des blocs voisins dont l’épaisseur de mortier est infime. Donc plus tard, ce bloc pouvait être rapidement repéré par un œil avisé.

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